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Hommage à Patrice Chéreau
Je l'ai toujours admiré, jamais rencontré : j'avais peur, un peu, je crois, de son intelligence magnifique, de la puissance transperçante de son regard, de sa lucidité intense. Tous ses films et tous les spectacles que j'ai vus mis en scène par lui m'ont tourneboulé, bouleversé. J'en garde encore des éclairs et des blessures. Tout a été ou va être dit par les uns et les autres, ses proches et ses admirateurs. Quel hommage dès lors lui rendre que de revoir ses œuvres, de s'y replonger ? Voici un extrait de ce que j'ai écrit sur L'Homme blessé, son film le plus fascinant, dans mon livre L'Homosexualité au cinéma :
A trente ans de distance, deux choses sidèrent encore dans L’Homme blessé : la manière absolument renversante dont Chéreau fait entrer, avec un mélange de réalisme et de théâtralité, la ronde du désir homosexuel dans toute sa singularité (le rituel de la drague dans la gare, les regards, les approches, les pulsions sexuelles, les accouplements…) dans le corps d’un cinéma français qui n’avait encore rien vu de tel ; et surtout l’évidence avec laquelle Chéreau fait de L’Homme blessé le premier grand film intrinsèquement homosexuel (par son thème, ses personnages, son atmosphère, sa sensibilité de metteur en scène et d’auteur mais aussi l’axe de son regard) du cinéma français. Ceci étant dit sans omettre l’existence parallèle et/ou antérieure d’une amorce de cinéma gay constituée par des films non négligeables mais assez marginaux, économiquement et commercialement…"
Tags : Patrice Chéreau, L'Homme blessé, L'homosexualité au cinéma
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